L'OISEAU MUSICIEN

L'OISEAU MUSICIEN

Revue PERSPECTIVES


Article revue PERSPECTIVES

Publié dans la Revue Perspectives de l’Université Hébraïque de Jérusalem.

N°13  2006  "La Bible dans tous ses états"  Voix de l’art

Ed. Fernande BARFELD, Magnes Press

 

 

 La Bible, un chemin de création pour Arnold SCHOENBERG

 

 

Jean Claude GALLARD

 

Quelques jours avant sa mort, Arnold Schoenberg rédigeait le début d’un nouveau psaume évoquant la survie de l’espèce : « L'inceste, ce crime contre nature, est interdit parce qu'il détruit la race. L'inceste national, ce crime national contre nature, est aussi dangereux pour la race que pour la famille et le peuple[1] ».

 

Il poursuivait ainsi avec détermination son vaste projet de recueil Psaumes, prières et autres conversations avec et sur Dieu  qu'il définissait de la manière suivante : « Je veux d'abord améliorer beaucoup de choses. Jusqu'à présent il y en a douze — mais j'ai le matériel pour une cinquantaine ou plus : les problèmes religieux de nos contemporains[2] ». Les raisons qui l'ont poussé à écrire ses psaumes à la manière de textes philosophiques sont explicites : « […] je crois que les formes de l'ancien langage biblique ne sont plus convaincantes dans notre usage actuel du langage. Nous avons à parler aux gens de notre époque, dans notre style propre et de nos propres problèmes[3] ». Il laissera en définitive seize textes dont un inachevé ; les  dix premiers s'intitulent chacun  Psaume moderne  et les autres simplement  Psaume[4] ; un seul sera partiellement mis en musique pour constituer l'opus 50 C.

 

L’ultime dessein artistique d'Arnold Schoenberg est remarquable à plusieurs titres. De par son ampleur, il aurait « incontestablement constitué l'un des corpus les plus impressionnants de musique religieuse du XXe siècle[5] ». Quant à la nature même de l'entreprise, elle présente une spécificité notoire puisqu'il s'agit ni plus ni moins pour le musicien que d'apporter un prolongement personnel au recueil du Psautier avec des textes écrits de sa propre main. L'intention n'est pas sans évoquer celle qu'il manifestait déjà en 1912 lorsqu'il s'adressait au poète Richard Dehmel, l'inspirateur le plus fécond de ses premières œuvres, pour lui suggérer d'écrire le texte d'un oratorio « dont le sujet serait: comment l'homme d'aujourd'hui, qui a passé par le matérialisme, le socialisme, l'anarchie, qui a été athée mais qui garde cependant un reste de foi (sous forme de superstition), comment cet homme moderne se bat avec Dieu (voir aussi le Combat de Jacob, de Strindberg) et réussit à trouver Dieu et la religion ». Schoenberg précisait qu'il s'agissait d'adopter « le mode de parler, de pensée, d'expression de l'homme d’aujourd’hui : il devrait s'agir des problèmes qui nous préoccupent. Car ceux qui dans la Bible luttent avec Dieu, s'expriment aussi en hommes de leur temps, parlent de leurs affaires et s'en tiennent à leur niveau social et spirituel. D'où leur force artistique […][6] ».

 

L'intérêt de Schoenberg pour la Bible était perceptible dès ses années de jeunesse, bien avant qu'il ne franchisse l'étape décisive qui, après la réponse négative de Richard Dehmel, devait le conduire à concevoir lui-même le texte de l'oratorio l'Echelle de Jacob. Il n'avait pas encore dix sept ans, qu'il répondait à sa cousine Malvina Goldschmiedt : […] il me faut te rétorquer, en tant qu'incroyant, qu'il n'y a d'inepties nulle part dans la Bible. En effet, on y trouve résolues les questions les plus délicates en matière de morale, de législation, d'économie politique et de médecine, sous une forme très simple bien entendu pour un lecteur contemporain, car en général la Bible constitue à proprement parler la base de toutes nos institutions publiques (les téléphones et le chemin de fer exceptés)[7].

 

On mesurera l'étendue du chemin parcouru par le musicien en tendant une oreille attentive à  l'écoute  de  ses  dernières   œuvres,   en   particulier   de   l'opus 50 A, B et C,   œuvre d' « accomplissement ultime — et quasi miraculeux — d'une foi et d'une œuvre[8] ». Le triptyque que Schoenberg considère comme un tout[9], doit être compris comme tel dans la trajectoire qu'il dessine, tant au niveau des moyens mis en œuvre dans la composition que du cheminement spirituel lui-même.

 

Les trois pièces sont des œuvres chorales, très présentes dans la période de son exil américain, et qui apparaissent intimement liées au développement de sa pensée religieuse. A rebours de la sobriété d'expression du chœur à quatre voix mixtes a capella dans Dreimal tausend jahre, opus 50 A, Schoenberg fait appel à un traitement infiniment plus expressif dans le De Profundis, opus 50 B. Temporairement, une ou plusieurs des six voix du chœur intensifient la polyphonie. Elles se répondent fréquemment en imitation tandis que s'allongent certaines phrases. De multiples facteurs amplifient le jeu de l’expressivité : intervention de solistes, très grande variété des dynamiques, étendue du registre des voix, densité de la polyphonie. Dans un deuxième plan sonore, des voix récitent en se répondant des éléments du texte chanté, simplement notés rythmiquement dans la partition. La progression des moyens se poursuit avec le Psaume moderne, opus 50 C. L'orchestre se joint alors au chœur mixte à six parties qui rassemble différentes techniques utilisées dans les deux opus précédents. S'y rajoute la voix d'un récitant notée rythmiquement avec des inflexions de hauteurs comme elle l'était dans Un survivant de Varsovie. Dans le contexte global d'un Adagio et d'une dynamique qui tend vers les nuances piano, les expressions des instruments sont le plus souvent porteuses des antagonismes. Avec une grande subtilité d'écriture et de moyens, l'orchestre prend lui aussi la parole, au même titre que les voix humaines. La variété des modes de jeu et les alliances de couleurs confèrent au travail sur le timbre une place de tout premier rang, voué prioritairement à la structuration de l'œuvre, délibérément à l'écart de fins purement coloristes.

 

La totalité de l'opus 50 se distingue  par le resserrement des moyens techniques mis au service de la composition et l'attention portée à leur signification symbolique. Dans l'opus 50 A, Schoenberg ne fait appel qu'à deux états de la série dodécaphonique eux-mêmes inscrits dans un rapport identitaire. Leur écriture linéaire traduit une évocation directe des anciens modes qui ont préludé au développement de la tonalité ; l'ultime expression des sopranos embrassant l'arpège de Mi mineur sur l'expression finale du texte « Gottes Wiederkehr » ( le retour de Dieu ) semble synthétiser l'hexacorde originel. Le traitement en miroir des courbes mélodiques reflète le geste inscrit dans le matériau initial. En convoquant la cellule Mi bémol-La comme introduction à la série de l'opus 50 B, le compositeur s'inscrit de manière intime au cœur de sa musique[10]. Les quatre formes de la série originelle (série de base, rétrograde, inversion et inversion du rétrograde) comportent strictement les mêmes sons. Toute l'œuvre se déploie à l'intérieur d'une unique et grande région harmonique conçue sur le modèle de l'accord diminué et de ses renversements. Quant à l'opus 50 C, il est élaboré à partir d'une série de douze sons que Schoenberg lui-même s'est empressé de qualifier de « miraculeuse[11] » en raison de l'interchangeabilité maximale des vingt-quatre hexacordes mis en jeu. Parmi les multiples effets « miraculeux » de ce matériau exceptionnel, on remarque qu'en définitive chaque groupe de trois sons de la série constitue une variation du geste originel. Autrement dit, « la série miraculeuse accomplit toutes les séries qui l'ont précédée; c’est la série parfaite : elle obtient tout avec le moins […][12] ».

 

La trajectoire spirituelle qui traverse le dernier opus de Schoenberg se manifeste par le choix des différents textes auxquels il fait successivement appel. Le premier est en lui-même significatif puisqu'il s'agit d'un poème de Dagobert D. Runes faisant partie d'un ensemble intitulé Jordan Lieder. Le traitement particulier l'est encore plus dans la mesure où la réinterprétation met en avant la toute fin du texte : « All the long forgotten anthems proudly praising God's return » ( longtemps oubliés, tes hymnes louant avec fierté le retour de Dieu ) qu'il faut évidemment mettre en relation avec la récente fondation de l'Etat d'Israël. La composition s'appuie sur le sens global des propositions constitutives de la phrase plutôt que sur celui des mots pris séparément ce qui permet au compositeur de proposer une scansion des paroles aussi bien en allemand qu'en anglais. La double présentation dans les deux langues, celle des origines et celle de l'exil, n'est pas un fait anodin pour le premier texte de cet opus qui tend tout entier vers l'idée d' Unité dans la plénitude de sens que revêt ce concept pour Arnold Schoenberg.

 

Le deuxième texte, celui du psaume 130, est, lui,  en hébreu. Son choix semble étroitement lié au contexte de l'écriture de l'opus 50 B. La santé du compositeur s'est considérablement dégradée. Souffrant d'asthme et de dépression, il s'intéresse de moins en moins au monde extérieur pour se tourner quasi exclusivement vers lui-même et vers  Dieu. Ce psaume appartient aux supplications qui manifestent les cris de l'âme et les expressions d'une foi personnelle. Dépassant la découpe originelle en quatre strophes, Schoenberg se livre à une totale recomposition du texte avec la musique, accomplissant, de manière tendue et fortement expressive, le passage de sa propre élévation vers Dieu. Le De profundis, psaume de la miséricorde, est une œuvre d'ouverture aux Psaumes, prières et autres conversations avec et sur Dieu.

 

Le Psaume moderne, opus 50 C, est un texte de la main même du compositeur, le premier de la série de seize poèmes qui constituait l'amorce de son grand projet de Psaumes modernes. Un texte dans lequel il s'adresse personnellement à Dieu, dès les premières mesures, par une adjuration qui embrasse une combinaison complète de l'ensemble des voix, de l’orchestre et du récitant : « O, Du mein Gott ! » ( oh, toi mon Dieu ! ). « Faire un avec Dieu, l'Irreprésentable, par la prière », c'est tout le sens du texte de Schoenberg, son « testament spirituel », une idée qui l'accompagnait depuis longtemps, mais qu'il exprime pour la première fois en son propre nom[13]. La pièce restera néanmoins inachevée, interrompue sur l'expression des sopranos reprenant seuls, a capella, le leitmotiv des autres voix soutenues par l’orchestre : « Und trotzdem bete ich […] » ( et pourtant je prie[…] ), dernières paroles signant l'incomplétude. Le texte intégral se poursuivait sur l'idée du « lien de béatitude » avec Dieu.

 

Pourquoi le dernier opus s'est-il interrompu ainsi, précisément à cet endroit du texte, comme s'était interrompue la composition des grandes œuvres religieuses, l'oratorio l' Echelle de Jacob et l’opéra Moïse et Aaron qui demeureront inachevées en dépit du désir obsédant, maintes fois réitéré par leur auteur, de parvenir à leur achèvement[14] ? Schoenberg a dû assumer l' « incompatibilité manifeste entre l'épanouissement vers l'un et la conception même de l'œuvre achevée… Comment aurait-il pu donner une fin à ce qui est par définition,  infini[15] » ? La trace de sa difficulté à admettre qu'il en soit ainsi se trouve dans l'un des derniers mots répétés avec insistance : « trotzdem », ( malgré cela, quand même, pourtant ) , je prie. Sa prière expressive n'est exempte ni d'inquiétudes, ni d'interrogations voire d'apostrophes à l'égard de Dieu ; son ultime tentative de communion avec lui porte jusqu'au bout la marque de fortes tensions expressionnistes.

 

Le Psaume moderne, opus 50 C, l'œuvre ultime, constitue un aboutissement qui dépasse toutes les œuvres antérieures faisant appel au texte. Celui-ci est devenu progressivement le lieu privilégié d'une autre nécessité, celle de l'expression intime de la parole et de la propre voix du compositeur dans sa musique, qui parle, avec lui, jusqu'à la limite de l'indicible. L'aboutissement est aussi celui d'une technique d'écriture qui tend vers la synthèse de l'ancienne tonalité et de la technique dodécaphonique que Schoenberg poursuit avec obstination, dans une lutte prométhéenne avec le matériau musical dont l'oreille attentive percevra l'écho dans tous les derniers opus.

 

L'itinéraire très condensé de l'opus 50 reproduit de façon métaphorique le parcours spirituel qui s'inscrit au cœur de l'œuvre de Schoenberg depuis les années 1910. Sur l’initiative de  Wassily Kandinsky, il apporte  une contribution marquante à l' Almanach du Blaue Reiter publié en mai 1912 et qui le plaçait en bonne position parmi les auteurs de la revue dont l'objectif clairement revendiqué était d'établir un renouveau spirituel dans l'art, en réaction aux orientations positivistes et matérialistes du XIXème siècle. Figurait dans l’Almanach, son manuscrit d'Herzgewächse, opus 20 ( Feuillages du cœur[16] ), sur un poème de Maurice Maeterlink. Ce lied est construit sur une inversion de la structure en arche, contraire à celle que l'on retrouve habituellement dans la plupart des œuvres musicales[17]. Le geste globalement descendant de la première partie correspond à l'ambiance de dépression spirituelle de l'âme exprimée par le texte. En revanche,  le mouvement ascendant qui lui succède évoque l'élévation mystique symbolisée par le lys dans la deuxième moitié du poème. L'idée de la pièce est celle de la transformation spirituelle correspondant au message du Blaue Reiter.

 

Schoenberg était à la même époque passionné par la Seraphita de Balzac au point d'envisager la conception de son projet d'oratorio d’après ce roman. Fortement influencé par  la  pensée mystique d'Emanuel Swedenborg,  Seraphita  se  clôt  sur  le   chapitre     de l' « Assomption », de l'accession au monde divin par la « vie de la prière ». Au moment où il effectuait son « coup de force » par « suspension de l'ordre existant[18] » en se tournant vers l'atonalité, il semblait précisément fasciné par d'autres types de mondes. Les livrets d' Erwartung (L’attente) et de Die glückliche Hand (La main heureuse) sont de ce point de vue significatifs. Tout comme les textes philosophiques et littéraires qui exercent alors une influence sur sa pensée, les écrits d'August Strindberg, Le monde comme volonté et comme pouvoir d'Arthur Schopenhauer, les interprétations mystiques de la science de Goethe par Rudolf Steiner.  Le tournant pris par Schoenberg vers l'atonalité pourrait lui-même s'interpréter comme une tentative de manifester une orientation vers « un autre monde ». L'atonalité aurait été pour lui une ouverture vers « une musique tendant vers la spiritualité. » Elle devait fournir à l'auditeur un regard spirituel sur le monde qui « se tient au-delà[19] ».

 

Les Quatre lieder, opus 22, pour voix et orchestre composés entre la fin de l'année 1913 et juillet 1916, Seraphita de Dowson (traduction Stefan George), Alle, welche dich suchen ( Tous ceux qui te cherchent), Mach mich zum Wächter ( Fais de moi le gardien de tes étendues) et Vorgefühl (Pressentiment), trois textes de Rainer Maria Rilke, manifestent la quête d'un au-delà. Quant à l'Echelle de Jacob, œuvre « monumentale », elle est l'expression magistrale des « croyances plus hautes » sur lesquelles s'appuiera Schoenberg, contre l'effondrement de la pensée, pour poursuivre son œuvre artistique[20]. « La foi de celui qui a perdu ses illusions » postule Stuckenschmidt[21]. Le texte de Schoenberg évoque le chemin qui conduit vers la « foi supérieure ». Dans la partie de la partition qu'il a réalisée, les divers groupes de chœurs symbolisant l'humanité (Ceux qui sont satisfaits, Ceux qui doutent, Ceux qui exultent, Les indifférents, Les résignés dociles), et les sept interventions solistes défilant devant l'ange Gabriel (un Appelé, un Rebelle, un Lutteur, l'Elu, le Moine, le Mourant, l'Âme) invitent à « la réflexion sur les limites de l'action humaine, exprimée ici au travers d'une succession de confessions[22] ». Gabriel n'aura de cesse de leur répéter de poursuivre : « A droite, à gauche, en avant, en arrière, il faut poursuivre… Peu importe ! Poursuivez ! ». Suit un grand interlude symphonique remarquable par l'imagination qu'il déploie dans la couleur des timbres.

 

En même temps qu'elle constitue une étape décisive dans l'évolution spirituelle de Schoenberg en rapport à son travail artistique, l'Echelle de Jacob présente des innovations essentielles du point de vue de la composition. Récapitulant à la fois les éléments marquants de son langage antérieur, dissonances, harmonies errantes, accords de quartes, mélodie fluctuante, Spechgesang (parlé chanté du Pierrot lunaire), la partition exploite, pour la première fois, les principes qui seront au fondement de sa méthode de composition avec douze sons, dans la mesure où les thèmes principaux de l'oratorio sont construits à partir d'une série de six sons[23]. Le principe schoenbergien essentiel de la « perception absolue et unitaire de l'espace musical » associé à la technique dodécaphonique[24] affiche son ampleur dans l'Echelle de Jacob, à l'image du ciel de Swedenborg décrit par Balzac dans Seraphita où « il n'y a ni haut ni bas, ni droite ni gauche, ni avant ni arrière absolus[25] ». La vision se déploie dans le projet de la deuxième partie de l'oratorio. Le compositeur prévoit des sons de haut-parleurs répartis dans l'espace. Il imagine une entrée des chœurs « de plus en plus éloignés et placés près des groupes orchestraux eux-mêmes dispersés, si bien qu'en finale la musique envahit la salle entière de toutes parts[26] ».

 

Schoenberg ne parviendra pas à terminer sa partition pour l'Echelle de Jacob. « Comment finir, lorsqu'on cherche ce qui ne peut être trouvé, et qui pourtant est connu, quoique insaisissable[27] ? ». Mais il avait commencé le voyage spirituel qui imprègnera définitivement sa création artistique. Peu connu, le drame non musical en trois actes Der Biblische Weg (Le chemin biblique[28]), qu'il écrit en 1926-27, occupe une place centrale dans cet itinéraire. Né de son traumatisme face aux premières manifestations d'antisémitisme dont il est lui-même victime, l'œuvre est une véritable pièce de propagande dont le personnage principal Max Aruns (à la fois Moïse et Aaron) projette, avec un mouvement de jeunes Juifs, l'édification d'un Etat juif moderne en Afrique. Asseino représente dans la pièce la figure prophétique qu' Aruns consulte sur les questions de loi religieuse. Asseino met l'accent sur la valeur durable de la tradition tandis qu'Aruns prend la position libérale du judaïsme moderne qui cherche à accéder à l'esprit plus qu'à la lettre de la loi juive[29]. La scène 3 de l'acte III est une confrontation entre les deux hommes qui met en lumière « la contradiction entre le projet étatique et le maintien strict du message biblique ».

 

« La Bible montre le chemin de la libération », tel pourrait bien être l'Idée essentielle de Der Biblische Weg[30]. Répétée plusieurs fois dans le cours de la pièce, l'allégation affiche la posture fondamentale de Schoenberg face aux événements tragiques auxquels il sera confronté. A la manière des grands prophètes, tels Moïse en Egypte ou Isaïe à Babylone, il se « résout à saisir un des moments les plus dangereux de l'histoire Juive comme une opportunité pour une régénération nationale[31] ». « Palestine, le but mais le chemin (the goal but the way) » peut-on lire dans ses Notes concernant les politiques Juives du 2 octobre 1933. Il venait alors tout juste de se reconvertir au Judaïsme le 24 juillet de la même année à la synagogue de la rue Copernic à Paris, en présence du témoin Marc Chagall. Son intense réflexion politique du moment le conduira jusqu'à envisager de prendre part activement aux efforts entrepris pour faire progresser la cause nationale juive, au point de songer, pour un temps, à l'abandon de son engagement artistique[32]

 

La Bible constitue dès lors l'un des ressorts principaux de sa vie créative. A peine Der Biblische Weg  est-il terminé  qu’il entreprend l'écriture du livret puis,  dans le sillage,  la composition de l'œuvre qui constitue la clef de voûte de son évolution : l'opéra Moïse et Aaron. L’Exode et le livre des Nombres constituent les sources du texte avec lesquelles Schoenberg prend volontiers ses distances pour laisser place à son interprétation. Ici Moïse et Aaron occupent chacun leur rôle. Le premier, qui ne dispose pas du don de la parole, s'exprime dans le Sprechgesang (parlé chanté); l'éloquence du second s'extériorise dans un chant brillant, volontiers théâtral. Les deux techniques se retrouvent dans l'écriture très complexe des chœurs dont le rôle prend le dessus sur celui des solistes. Une seule série de douze sons, traitée selon ses quatre formes originelles et ses multiples possibilités de transpositions, est mise en jeu dans tout l'opéra.

 

L'œuvre intervient après une dense série d'applications de la nouvelle technique de composition d'abord au piano, puis à la musique de chambre, à la musique chorale, au grand orchestre et à la musique scénique. Avec Moïse et Aaron, il s'agit de confronter la série à la plus grande de toutes les formes historiques de la musique et « dans le cadre d'une organisation circulaire sans début ni fin, qui fait d'elle non un thème mais un principe organisateur abstrait, « analogue » à l'Idée du Dieu "unique, éternel, omniprésent, invisible et irreprésentable" dont il est question dès les premières paroles de Moïse[33] ».

 

« La transcendance d'une pensée face à la contingence d'une action », voilà le véritable sujet de l'opéra. Moïse et Aaron, n'est pas, loin s'en faut, un aboutissement mais plutôt la cristallisation d'une nouvelle posture de l'homme Schoenberg, dans sa quête tant religieuse et politique, qu’artistique et musicale. L'opéra s'arrête sur ces mots de Moïse à la fin de l'acte II : « Ô parole, toi, parole qui me manque ! ». Même si le livret de l'acte III donne la prééminence à la figure de Moïse, l'incomplétude de l'opéra signe l'indécidabilité de Schoenberg entre langage et pensée[34], mais aussi entre deux orientations musicales: « Entre expressionnisme (1908-1913) et constructivisme (1923…), le musicien Schoenberg ici balance, indécis. Cette oscillation et la quête d'une autre voie, auparavant entrevue, traversent l'opéra, affectant différemment le livret et la musique[35] ».

 

Durant les premières années de son exil américain, Schoenberg poursuit son intense activité de réflexion politique et travaille à l'écriture de ce qui deviendra en 1938, A Four-Point programm for Jewry, son programme en quatre points pour le grand parti juif international dont il rêvait. C'est à la même époque qu'il rédige par bribes l'un de ses plus importants manuscrits non catalogués, Der musikalische Gedanke und die Logik, Technik, und Kunst seiner Darstellung (L'Idée musicale et la logique, technique et art de sa présentation) qui devait constituer, dans son esprit, une théorie définissant les principes de toute la composition musicale qui intégrerait les diverses branches de la théorie, autrement dit une véritable « Esthétique de la musique ». Parmi les entrées principales qui datent de 1934 et 1936, figure ce commentaire : « Tandis que la science a besoin systématiquement de tous les cas caractéristiques, l'art se satisfait d'un plus petit nombre qui soient intéressants : cela demande beaucoup de fantaisie pour produire une image du tout de façon à l'imaginer[36]. »

 

Schoenberg porte alors une attention croissante à l'idée du Dieu « Inimaginable et Irreprésentable » qui culmine dans le Psaume Moderne, opus 50. Dans cette dernière œuvre, l'« interdit de la représentation » est d'abord exposé par le récitant (Schoenberg lui-même, un prophète comme Moïse, peut-être chaque individu qui lutte avec le doute religieux) avant sa reprise par le chœur qui représente l'humanité entière. L'impossibilité pour la connaissance humaine de concevoir une représentation mentale du divin, d’un Dieu unique, infini et unitaire, comporte pour lui des implications philosophiques et esthétiques essentielles. Profondément attaché à la notion d'Idée, il est constamment préoccupé à la fois par la conception ou représentation mentale de celle-ci (Vorstellung) et par sa représentation esthétique (Darstellung). Au sens le plus large, Bild  (l'image) est un spectre auquel on ne peut jamais se fier totalement; elle est toujours plus ou moins tronquée, « transformée par les capacités sensorielles, cognitives et conceptuelles » par lesquelles elle parvient à la conscience. Cela s'applique pour lui tout autant à la représentation de l'Idée divine qu'à la représentation ou aux idées artistiques[37].

 

Le corpus du « dernier Schoenberg » comprend d'autres œuvres sur le chemin de l'accomplissement. Kol Nidre, composé avant la guerre et Un survivant de Varsovie dans l'après-guerre, font tous les deux appel à des textes de la liturgie juive. Le premier s'attache au processus de repentir collectif. Le compositeur choisit d'y rédiger sa propre version du texte liturgique tout en le faisant précéder d'une histoire se référant à une légende de la Kabbale selon laquelle Dieu réduisit en atomes la lumière qu'il avait créée; ceux-ci répandus à travers le monde, ne peuvent être perçus que par les fidèles qui incluent les pêcheurs repentis. Le second est une puissante déclaration de foi collective. Le texte est directement issu de récits de rescapés des événements survenus à la fin du ghetto de Varsovie. Le recours du compositeur à un matériau mélodique juif traditionnel pour la conception de la série de douze sons et l'irruption directe du texte du Shema Isroel chanté par les chœurs à la fin de la pièce la rattachent à l'œuvre religieuse du compositeur, à tel point que Luigi Nono y voit comme un troisième acte de Moïse et Aaron.

 

Bien qu'il s'oriente de plus en plus vers une spiritualité intérieure tendue vers la rencontre avec son Dieu, l'"activiste" Schoenberg n'oublie pas le devenir de sa communauté. Ainsi s'intéresse-t-il vers la fin de la guerre à l'idée d'un gouvernement juif en exil, en particulier dans un manuscrit qui consiste en un projet de discours annonçant la formation d'un tel gouvernement, au sein duquel il n'exclut pas totalement l’éventualité d'occuper la fonction de président. « La vision de Schoenberg était celle d'un phénix se levant de la foule des ghettos et de la puanteur des camps de concentration, comme l'ordre divin créant à partir du chaos tel qu'il est évoqué dans son quasi contemporain Prélude à la Genèse[38] ».

 

Un Survivant de Varsovie est un mémorial aux millions de Juifs qui ont perdu la vie durant la seconde Guerre Mondiale. On peut aussi considérer cette œuvre d'une formidable puissance évocatrice comme un testament de la propre lutte spirituelle du compositeur. Différentes techniques de conception du texte obscurcissent les dimensions du temps et du lieu et contribuent à dissocier l'événement d'un fait concret en lui conférant un caractère métaphorique. Varsovie devient le « symbole de l'indestructibilité de l'esprit humain face à la brutalité indescriptible ». La progression de la pièce en deux parties, la première, narrative et athématique comme un retour à la période « atonale », la deuxième, rattachée au thème du Shema Isroel et représentative de la composition avec douze sons, l'érige en parabole de sa lutte spirituelle et de celle de son peuple[39]

 

Les œuvres de l'exil américain de Schoenberg témoignent des contradictions entrevues dans Moïse et Aaron mais elles ne manifestent pas moins le combat saisissant du compositeur dans sa quête de l'Unité. Ses dernières pièces signent le dépassement concomitant du dodécaphonisme et de l'ancienne tonalité. Le Trio à cordes, opus 45 est emblématique d'une dernière manière qui tend vers le versant de cette utopie d'une musique informelle qu'Adorno appelle de ses vœux et qui devrait « se confronter derechef avec l'idée d'une liberté non révisée ». Il incline à l'« athématisme, au moins dans l'écriture », redonne au matériau « la fraîcheur de la nouveauté », ouvre la perspective d'un passage de l'un à l'autre des deux extrêmes que constituent des compositions entièrement organiques ou tout à fait inorganiques, « en le poussant à sa limite[40] ».

 

Schoenberg est alors parvenu à un tel état d’élargissement de ses idées sur l'harmonie que son concept de « pantonalité » peut englober aussi bien la technique de composition avec douze sons que l'« ancienne » tonalité. « Unvorstellebare Tönalitat » ( tonalité inimaginable) selon Richard Kurth, « ni perceptible, ni prouvable, ni compréhensible et qui peut être présente précisément parce qu'elle n'est pas ressentie[41] ». Les œuvres du dernier Schoenberg laissent entendre de nouvelles avancées dans cette direction. Elles suggèrent la confluence entre l'idée de tonalité à laquelle il parvient à la fin de sa vie de compositeur et une certaine vision de l'Idée de son Dieu. « Quand je dis Dieu, je sais que c'est du Seul, de l'Eternel, du Tout Puissant, de l'Omniscient, de l'Irreprésentable, de qui je ne peux me faire une image car je ne le dois pas… » clament le récitant puis les chœurs dans le Psaume moderne, opus 50 C

 

Dans la dernière partie de sa vie, la même quête du sublime et une tension similaire vers l'inatteignable caractérisent les prouesses musicales d'Arnold Schoenberg en même temps que son accomplissement spirituel. Bien au-delà du corpus de pièces religieuses qui jalonnent son oeuvre, les thèmes bibliques répondent à ses besoins vitaux, nourrissent ses utopies, irriguent sa réflexion théorique, orientent des choix techniques, marquent de leur empreinte diverses confrontations syntaxiques. Dans les détails de l'écriture musicale, la dialectique du "caché et du vu" et la symbolique des nombres, issus d'une influence évidente de la Kabbale, irriguent les partitions, particulièrement les dernières.

 

L'ultime partie de l'œuvre de Schoenberg, peu écoutée, souvent marginalisée au profit des deux périodes dite de l'"atonalité" des années 1910 et des grandes œuvres dodécaphoniques, dévoile un accomplissement essentiel pour la compréhension de l'œuvre entière. Le « chemin biblique », inscrit au cœur de sa pensée exigeante sur la musique et de sa pratique rigoureuse de la composition, apporte un éclairage majeur sur ses choix esthétiques.

 



[1] Hans Heinz Stuckenschmidt, Arnold Schoenberg, traduit de l’allemand par Hans Hildenbrand, Arthème Fayard, Paris, 1993, p.551.

[2] Arnold Schoenberg, Lettre du 3 mars 1951 à Oskar Adler, Correspondance (1910-1951), Lettres choisies et présentées par Erwin Stein, traduit par Dennis Collins, J.C. Lattès, Paris, 1983, p.295.

[3] Lettre non publiée rapportée par Peter Gradenwitz dans son article « The religious works of Arnold Schoenberg » in Music Review n°21, 1960, p.19.

[4] Ces textes ont été publiés en 1956 par les éditions Schott sous leur appellation première de « Psaumes modernes ».

[5] Alain Poirier in Arnold Schoenberg de H. H. Stuckenschmidt, Etude de l'œuvre, op.cit., p.636.

[6] Arnold Schoenberg, Lettre du 13 décembre 1912 à Richard Dehmel, Correspondance (1910-1951), op. cit. p.29.

[7] Cité par H. H. Stuckenschmidt in Schoenberg, op. cit., p.29.

[8] Christian Hauer, « Le dernier Schönberg (1946-1951) : le temps de l'accomplissement » in La musique depuis 1945 : matériau, esthétique et perception, Hugues Dufour et Joël Marie Fauquet, Mardaga, Bruxelles, 1996, p.227.

[9] Cf. la lettre du 11 novembre 1950 à Robert Craft, Correspondance (1910, 1951), op. cit., p.293.

[10] Mi bémol-La ou La-Mi bémol représentent le propre nom d'Arnold Schoenberg sous la forme du monogramme ES-A ou A-ES qu'il utilise fréquemment dans ses œuvres ayant trait à sa vie affective. Cf. Le chapitre intitulé « La cellule primordiale » in Schoenberg de H.H. Stuckenschmidt, op. cit., p.565.

[11] La conception de cette série est assez inhabituelle dans la démarche du compositeur. Alors que l'idée de la série lui vient toujours d'une figure musicale « concrète » (idée mélodique, harmonique ou combinaison des deux), elle relève, là, selon René Leibowitz, d’une « préoccupation sérielle abstraite ». Schoenberg y porta une attention toute particulière puisqu'il avait même envisagé de la publier en tant que telle avec des annotations. Il en abandonna l'idée mais laissa néanmoins un document rédigé de sa main et intitulé « La série miraculeuse ».   

[12] Christian Hauer, « Le dernier Schönberg (1946-1951) : le temps de l'accomplissement », op. cit., p.242.

[13] Christian Hauer, art. cité, p.240.

[14] On en trouve régulièrement la trace dans la correspondance d'Arnold Schoenberg durant la période de son exil américain.

[15] Christian Hauer, art. cité, p.240.

[16] Avec ce lied, étaient également publiées dans l'Almanach le texte de Schoenberg intitulé « La relation avec le texte » ainsi que deux de ses peintures, le célèbre autoportrait vu de dos et l'une des « visions » qui compose la série du même nom.  

[17] Relevé par Bonny Hough dans son article "Schoenberg'S Herzgewächse and the Blaue Reiter Almanach", Journal of the Arnold Schoenberg Institute, Volume III, numéro 2, novembre 1983, p.197.

[18] Karl Dahlhaus, « La théologie esthétique de Schoenberg » in Schoenberg, Contrechamps, Genève, 1997, p.262.

[19] Ce point de vue est exprimé par John R. Covach dans son article « Schoenberg's Turn to an "Other" World » in Music Theory on Online, Society For Music Theory, Volume 1, Numéro 5, septembre 1995 (University of North Carolina).

[20] Il l'exprime dans une lettre du 20 juillet 1922 à Wassily Kandinsky : « Lorsqu'on… se retrouve pendant ces huit années constamment confronté à de nouvelles difficultés contre lesquelles toute pensée, toute invention, toute énergie, toute idée est impuissante, cela signifie, pour celui qui tenait toute chose pour idée, l'effondrement, dans la mesure où il ne s'est pas appuyé, de plus en plus, sur d'autres croyances plus hautes. C'était sans doute le plus douloureux. Ce que je pense, mon poème l' Echelle de Jacob (un oratorio) vous le dirait le mieux: je veux dire – même si c'est sans contrainte d'organisation – la religion. C'était dans ces années mon seul soutien – je le dis pour la première fois ». Schoenberg-Busoni, Schoenberg Kandinsky, Correspondances, Textes, éditions Contrechamps, Genève, 1995, p.190.

[21] In Arnold Schoenberg, op. cit., p.261.

[22] Alain Poirier, L'expressionnisme et la musique, Fayard, Paris, 1995, p.216.

[23] Schoenberg avoue lui-même n'avoir découvert que bien plus tard que l'Echelle de Jacob était déjà une composition avec douze sons. Il s'en explique vers 1948 dans un article intitulé "La composition avec douze sons", Le Style et l'Idée, Choix d'écrits réunis par Leonard Stein, traduits de l'anglais par Christiane de Lisle, Buchet/Chastel, Paris, 1977, p.190.

[24] Conférence de Schoenberg sur « La composition avec douze sons » donnée en 1939 à l'Université de Californie de Los Angeles, Le Style et l'Idée, Ibid., p.167. 

[25] Ibid., p.170.

[26] Citation de Schoenberg au sujet de la fin de l'œuvre, rapportée par Hans Heinz Stuckenschmidt in Schoenberg, op. cit., p.266. Il fait preuve d'une perspicacité qui ne sera réalisée que plus tard par la génération suivante de compositeurs.

[27] Philippe Albera, « Les fins chez Schoenberg », Dissonance # 67, Association suisse des musiciens, Lausanne, février 2001, p.14.

[28] « Der Biblische Weg » n'a jamais été représenté. La seule publication dont il ait fait l'objet a été réalisée en Italien sous le titre « La Via Biblica » dans un recueil intitulé  Testi poetici e drammatici  édité chez Feltrinelli, Milan, 1967.

[29] Cf. Olivier Revault d'Allones, Aimer Schoenberg, Christian Bourgois, Paris, 1992, pp.119 et 224.

[30] Voir l'article de Alexander L. Ringer, « Idea and Realization: The Path of the Bible" » in The Composer as Jew, Oxford University Press, New York, 1990, p.56.

[31] Ibid., « Unity and Strength », p.134.

[32] « Je considère cela comme plus important que mon art et je suis déterminé – si je suis fait pour de telles activités – à ne rien faire d'autre dans le futur qu'à travailler pour la cause nationale Juive », lettre du 4 août 1933 à Anton Webern, citée par Willy Reich, Schoenberg, a critical biography, Da Capo Press, New York, 1981, p.189.

[33] Dominique Jameux, « Résonances de Moïse et Aaron », Moïse et Aaron, l'Avant Scène Opéra, n° 167, Paris, septembre 1995, p.81.

[34] Le débat fondamental des rapports entre pensée et action est « instrumenté dans l'opéra par les relations entre l'Idée, qui sur le modèle même des "attributs de Dieu"… n'est pas transmissible (Moïse) et une conception de l'action qui passe par les séductions de la parole, donc à l'opéra du chant, lequel fait des "prodiges" (Aaron) ». Dominique Jameux, art. cité, p.86.

[35] François Nicolas, « L'indécidabilité de Moïse et Aaron » in La singularité Schoenberg, l'Harmattan, Ircam / Centre Georges Pompidou, Paris, 1997, p.125 et suivantes.

[36] Cf. The musical Idea and the logic, technique and art of it's presentation, Arnold Schoenberg, edited, translated and with a commentary by Patricia Carpenter and Severine Neff, Columbia University Press, New York, 1995, p.93. La citation a été traduite par nous.

[37] Voir l'article de Richard Kurth intitulé « Schoenberg and the Bilderverbot » in Arnold Schönberg and his god, report of the Symposium 26-29 juillet 2002, Journal of the Arnold Schönberg Center, 5 / 2003, Wien, p.332.

[38] Alexander L. Ringer, "Unity and strengh", in The composer as Jew, op. cit. pp.147-148. Le Prélude à la Genèse, composé en 1945, est la première d'un ensemble de pièces commandées à divers compositeurs par le chef d'orchestre Nathaniel Shilkret pour illustrer divers épisodes de la Genèse sous forme discographique. En y représentant la pensée divine sous la forme d'une fugue au sens de Bach dans une œuvre dodécaphonique, Schoenberg manifeste sa "contemplation esthétique, arrachée au monde sensible par un élan métaphysique et mystique". Carl Dahlhaus, "La fugue comme Prélude, Contribution à l'interprétation de l'opus 44 de Schoenberg" in Schoenberg, op. cit. p.209.  

[39] Cf.Michael Strasser, "A Survivor from Varsaw as personnal parable", in Music and letters, LXXVI, février 1995.

[40] Adorno, « Vers une musique informelle » in Quasi una fantasia, traduit de l'allemand par Jean Louis Leleu,, Gallimard, Paris, 1982, p.328.

[41] Richard Kurth, "Suspended tonalities in Schönberg's Twelve-tone Compositions" in  Arnold Schönberg in Berlin, report of Symposium, 28-30 septembre 2000, Journal of the Arnold Schönberg Center, 3 /2001, Wien, p.244.

 

 


24/04/2014
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